L'opération de solidarité de la RTBF CAP48, qui permet de récolter des fonds destinés aux personnes handicapées dans les Communautés française et germanophone, a présenté, aux Cliniques universitaires Saint-Luc, les avancées de son projet de recherche médicale sur la polyarthrite de l'enfant et du jeune adulte.
Les présentations scientifiques ont été introduites et vulgarisées par Patrice Goldberg, le présentateur de l'émission Matière Grise. Ce projet de recherche a été lancé en 2013 pour une durée de 5 ans. Il a été reconduit jusqu'en 2023.
Sur les 300.000 Belges atteints de polyarthrites chroniques ou rhumatismes inflammatoires, près de 20% développent la maladie avant l'âge de 40 ans. Les patients souffrent de douleurs quotidiennes et développent des déformations irréversibles causées par l'inflammation récurrente de leurs articulations.
Les services de rhumatologie et de pédiatrie de l'Université libre de Bruxelles (ULB), de l'UCLouvain et de l'ULiège ont développé une étude rassemblant des patients présentant une polyarthrite débutante afin d'optimiser et de standardiser les soins. Des biopsies du tissu synovial, qui tapisse l'intérieur des articulations, ont été réalisées chez des personnes qui n'étaient pas encore sous traitement, ce qui a permis de constituer une base de données riche de plus de 160 prélèvements. Du sang a également été collecté. Ces prélèvements réalisés avant traitement visent à identifier des «marqueurs pronostiques» afin de cerner les mécanismes impliqués dans l'apparition de la maladie, de prévoir son évolution et d'appréhender la réponse aux différents traitements.
«Notre principale difficulté est de définir le meilleur traitement chez un patient que nous voyons à un stade précoce», explique Patrick Durez, professeur rhumatologue, chef de clinique aux Cliniques universitaires Saint-Luc et coordinateur du projet de CAP 48. «Le seul point commun que nos malades ont, c'est d'avoir de l'inflammation articulaire. Le système immunitaire envahit l'articulation et créé une synovite (inflammation du tissu synovial, NDLR). On veut comprendre pourquoi certaines formes vont être très destructrices et pourquoi d'autres ne vont pas être évolutives, pourquoi certaines formes vont bien répondre aux médicaments et d'autres pas...»
Si la polyarthrite rhumatoïde ne se guérit pas, l'examen des données collectées chez les 160 premiers patients montre que 49% sont en rémission après 6 mois. Le diagnostic précoce, l'instauration rapide d'un traitement approprié et l'obtention d'une rémission rapide à 6 mois sont essentiels pour conserver une rémission sur le long terme.
Actuellement, grâce aux 53 rhumatologues et pédiatres impliqués à travers les 24 centres hospitaliers participants, 516 jeunes patients bénéficient d'un premier bilan et d'un suivi sur plusieurs années.
Pour 2018-2023, les chercheurs se sont fixés pour objectifs d'améliorer le diagnostic précoce par la généralisation de la biopsie, de renforcer le suivi du patient, de poursuivre la rémission suivie et prolongée ainsi que d'inscrire le projet dans des recherches nationales et internationales.