En 2016, 80 000 prothèses du genou ont été implantées en France. En Belgique, selon les chiffres de 2014, ce sont quelque 20.000 belges qui se font poser une telle prothèse chaque année. Compte tenu du vieillissement démographique et de l’augmentation de la prévalence de personnes obèses ou en surpoids, les experts prévoient une progression de ce type d’intervention de l’ordre de 600% d’ici 2030 !
Un marché en expansion mais aussi un risque de surcoût pour la Sécurité Sociale, en raison notamment du suivi de ces opérations et des complications éventuelles. C’est le moteur qui anime un projet innovant baptisé FollowKnee (1) qui a pour ambition de révolutionner la prise en charge des patients dont l’état du genou nécessite la pose d’une prothèse. Le projet est doté d’un budget global de 24,5 M € dont 1/3 pris en charge par l’ANR (Agence Nationale de la Recherche) française. ”Concrètement, une fois le diagnostic posé et l’opération décidée, il s'agit de développer une prothèse de genou connectée sur mesure, imprimée en 3D à partir d'un scanner fait sur le patient”, explique le Pr Éric Stindel, directeur du LaTIM (1) et coordinateur du projet. “Pendant la phase d'impression de la prothèse, nous allons insérer des minuscules capteurs qui vont permettre de suivre le fonctionnement de cette prothèse une fois qu'elle sera en place et de détecter le plus tôt possible un éventuel disfonctionnement ou l’émergence d’une inflammation ou d’une infection.”
Sur la partie réalité augmentée, les chirurgiens souhaitent pouvoir mesurer les caractéristiques physiques du genou, à la fois pour vérifier la position des structures osseuses par rapport au planning et déterminer la laxité en flexion et en extension, le tout sans marqueurs. "Nous avons une contrainte importante sur la finesse du positionnement, car il va être utilisé pour faire du contrôle qualité, reprend Julien Castet. Il nous faudra de plus composer avec la lumière, qui est très forte au bloc, ce qui pose problème pour la réalité augmentée."
"Pour le patient, la prothèse de genou connectée signifie plus de sécurité. Il pourra ainsi récupérer à domicile, via son smartphone, des informations relatives à sa prothèse qu’il pourra transmettre à son kinésithérapeute lors de la rééducation et, s’il le souhaite, à son chirurgien", explique encore le Pr Eric Stindel
Et de conclure : “Le projet FollowKnee s’articulera en deux étapes. D’ici 3 ans, nous allons d’abord réaliser des prothèses de genoux imprimées en 3D qui seront implantées sur 220 patients. Ensuite, nous y implanterons les capteurs que nous testerons avec 30 patients. Nous proposerons cette nouvelle prothèse à des individus plutôt jeunes pour superviser son fonctionnement sur un temps long.”
L’objectif est d’obtenir un produit commercialisable avec une évaluation clinique des résultats d’ici 5 ans.
(**) Malgré son nom, ce projet est porté par un consortium français composé du LaTIM (Laboratoire de Traitement de l'Information Médicale), unité mixte de recherche (UMR 1101) de l'INSERM (Institut National de la Santé et de la Recherche Médicale) et de l'UBO (Université de Bretagne Occidentale) avec la faculté de médecine. Une autre de ses tutelles est l'école d'ingénieurs IMT (Institut Mines Telecom). Le LaTIM est également associé au CHRU de Brest. Ce consortium a noué un partenariat avec un spécialiste de la réalité virtuelle et augmentée, la société bordelaise Immersion.